Même pas une petite tâche, rien. C’est rien. Je vais te le faire tout de suite, moi, le tableau tout blanc à 60 000...
Ce sont de vieux amis, ils se disputent. Serge a acheté une fortune un tableau moderne tout blanc et pourrait parler des heures de sa pureté esthétique. Marc l’accuse de snobisme, il trouve ça moche et ridicule, 60 000 euros pour cette merde blanche. Serge lui reproche en retour son manque de curiosité, son conformisme mou et son cynisme. Yvan essaye de tempérer, mais les deux autres l’accusent de complaisance et de lâcheté. Sur un mode tragi-comique, à la lisière du vaudeville, on parle d’art et de théâtre en particulier, des divers commerces qu’on peut en faire, ceux du marché, ceux du regard. Le ton monte, les esprits s’échauffent. On parle de la complexité des points de vue et des rapports humains, avec cette façon à la fois profonde et irrévérencieuse qu’ont les comédiens de Tg STAN et Dood Paard d’enflammer la conversation en nous prenant à partie. Parlant d’art et de ses valeurs, on parle de soi, ils parlent d’eux, de la juste valeur de l’amitié.
Tg STAN est créée en 1989 par quatre élèves du Conservatoire d’Anvers ; cette compagnie a pour règle d’or de refuser tout dogmatisme : les comédiens deviennent ainsi leurs propres metteurs en scène. Leur travail théâtral remet en question les codes de la scène : l’illusion théâtrale est brisée, le jeu est épuré de tout artifice et les divergences éventuelles dans le jeu sont mises en évidence. Il s’agit d’intégrer le spectateur à la représentation et de le rendre actif.
La compagnie de théâtre et de répertoire Dood Paard a été fondée en 1993 à Amsterdam par trois acteurs. Au cours des dix dernières années, le collectif s’est fermement implanté dans le paysage théâtral des Pays-Bas et de la Belgique. Dood Paard est un collectif expérimental et travaille sans metteur en scène. Ils font un théâtre politique qui interpelle le public. L’ironie succède à l’humour noir, une des armes les plus puissantes.