C’est tout noir, de l’autre côté, presque un trou. Il y a des voix, des oiseaux et quelques notes de piano… Peu à peu on y voit et ça nous emporte.
A la mort d’une amie proche, Carlotta Ikeda, avec qui il partageait la passion du butô, Pascal Quignard passe dans la pénombre, et prend la plume. Il se souvient de ses disparus, de ce qui disparaît, de ce qui revient dans le noir, sur l’autre rive. Qu’il s’en souvienne ou qu’il l’imagine, sa mémoire est peuplée d’ombres et d’oiseaux, de fantômes et de masques, incarnés par Marie Vialle, comme une lumière intense dans le noir complet. C’est le quatrième texte qu’il écrit pour elle. Il y a entre eux, entre la langue de l’auteur et la voix de l’actrice, comme une alchimie secrète, une évidence rare et puissante. Ils sont cette fois-ci tous les deux sur scène avec corbeau, chouette effraie et instruments. Après Princesse vieille reine on retrouve avec bonheur ce tandem magnifique. “Nous enfonçons avec délice dans les Ténèbres et nous leur découvrons une beauté qui leur est propre”, dit Junichirô Tanizaki.
Formée à l’École de la rue Blanche puis au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Marie Vialle joue au théâtre sous la direction de nombreux metteurs en scène (Philippe Adrien, Didier Bezace, Luc Bondy, Julie Brochen, André Engel, Alain Françon, David Lescot, Jean-Louis Martinelli, Jean-Michel Rabeux, Stuart Seide…) et aussi au cinéma. En 2003, délicatement munie de son violoncelle, Marie Vialle s’empare du Nom sur le bout de la langue de Pascal Quignard. Une collaboration fidèle s’entame entre l’écrivain et la comédienne-metteuse en scène - entre langage et silence, entre musique et chant.