J’aimais la richesse de la vie à travers toi.
Ces deux-là ont choisi de mourir ensemble. Elle s’appelle Doreen Keir. D’origine anglaise, très belle. Elle est la destinataire mystérieuse de Lettre à D., un chant d’amour fou écrit par André Gorz, au début des années 2000, alors qu’ils avaient plus de 80 ans. Ils ont traversé et nourri à leur façon la vie intellectuelle du vingtième siècle. Lui dans la lumière, elle dans l’ombre. Lui a écrit de nombreux livres philosophiques, a été journaliste, précurseur de l’écologie politique. Elle était avec lui, malade, son premier interlocuteur, son Autre, son amour de toute une vie, avec ses hauts et ses bas, avec ses bruits et ses fureurs. David Geselson fait un théâtre infiniment juste et beau de leur histoire commune faite d’engagement politique et de banalité du quotidien, de leur vertige amoureux, qui dit : Tu viens juste d’avoir 82 ans. Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais.