Ça doit être un cheval, et quelque chose coule
Il y a trente ans Thierry a perdu la vue dans un accident, il en a 55. Il y a quelques années il est allé voir, enfin entendre, enfin assister à un spectacle, peu importe lequel. Avec sa mémoire de l’instant passé et les acteurs, chaque soir, il tente et on tente avec eux de retrouver les bribes et les intensités de ce spectacle, les siennes, que les interprètes essaient de rejouer, à peu près, avec une infinie délicatesse, une très belle et intense complicité avec lui, qui nous bouleverse de bout en bout ; non pas pour reconstituer la pièce, mais pour en deviner les instants qu’il a gardés ou imaginés, les lignes de force dont il se souvient. Et c’est réjouissant d’humanité, de tendresse joyeuse. Au fil du temps, on rencontre la vie de Thierry, qui se livre aussi par bribes et ce spectacle magnifique interroge nos mémoires, de vivants et de spectateurs.