Sophie Perez, brillante plasticienne et metteure en scène, fait un théâtre "sauvage" ou "brut" comme elle aime le dire, où tout fait œuvre dans l’instant et cherche à sortir des routines, qui parfois étouffent et nous régulent. Ici le sens est comme dans l’air, flottant : une femme attend sur scène. Est-ce qu’il y a du public ? Elle débute alors une exploration fantasque des choses qu’il y a ou qu’il y avait : sculptures, couleurs, matières, sons, une sorte d’album psychédélique qui peuple peu à peu le plateau d’un bric-à-brac, un vrai foutoir elle pourrait dire en riant, insolente et rebelle à l’ordre. On y croise, pêle-mêle, des peintures sur corps à la Klein et le pire des maquillages d’enfants, des danses tribales, un quizz théâtral et Michel Polnareff, des duos d’amour façon Jacques Demy, un set d’électro, une installation plastique qui déborde dans la salle… et la figure de Pinocchio, indocile et pleine de bonne volonté. C’est beau comme une échappée, c’est drôle et percutant dans un grand sourire qui libère.