Comme on parle à la guerre de théâtre d’opération, Jeanne Candel parle au théâtre de terrain de jubilation. On est sur le même terrain. Actrice, metteuse en scène, co-directrice du théâtre de l’Aquarium à Paris, elle est une artiste foisonnante, souvent là où l’on ne l’attend pas. Son univers décalé, onirique et musical, déplace le monde joyeusement, pour y voir mieux d’un peu plus loin. Ici, sans la moindre technologie de pointe, avec les moyens du bord, la troupe nous emmène en apesanteur dans l’espace. Deux hommes y assistent de loin à l’agonie de la planète ; l’un en est terriblement affecté, l’autre s’en fiche et jouit de sa puissance. Leur conversation est à la fois hilarante et inquiétante, triviale et poétique, avec cet art unique de nous maintenir en équilibre entre les deux, d’en rire ou d’en pleurer, comme en apesanteur.