Ici, l’autre, le partenaire, c’est le lieu.
D’abord il y a ce lieu, magnifique, que Romain Bertet a conçu avec la complicité du plasticien Barbu Bejan. Une masse d’argile sans âge, comme originelle, comme une maison aussi pour l’homme solitaire qui la travaille et danse avec elle. Il creuse, chute, se relève, traverse… Une caverne d’ombres et de lumières changeantes. On y voit paraître des paysages grandioses et des instants minuscules, qui semblent disparaître aussitôt révélés. On ne sait pas si la danse fouille la terre vers une histoire engloutie, ou bien si l’argile se façonne à mesure et garde la mémoire du moindre geste, comme une archéologie à l’envers ; ou bien encore si le danseur ne cherche pas simplement la paix, un passage vers l’enfance aussi, aux origines de la matière. Entre corps et décor, entre l’argile et Romain Bertet s’engage alors une conversation intime, infinie, brute et sensuelle à la fois, qui nous bouleverse.