Sopro c’est le souffle. Ici celui de Cristina Vidal, la souffleuse historique du Teatro Nacional D. Maria II de Lisbonne, dirigé par Tiago Rodrigues. D’habitude, on ne la voit pas. Depuis les coulisses, elle protège en secret la mémoire de ce qui a lieu. Pour cette fois elle est sur scène, elle est le personnage principal. Dans Sopro, tout semble noté dans son grand cahier, les pièces, les rôles et les fantômes, les trous des acteurs, sur scène ou dans les couloirs, et le moindre déplacement. Elle souffle les histoires du théâtre, celui qu’on joue et celui dans lequel on joue, dans lequel on viendrait encore s’il était en ruine. Tiago Rodrigues est un enchanteur. Avec son art incomparable et son amour de la scène, des gens et des gestes qui s’y côtoient, il fait un très grand spectacle, une ode magnifique à la vie des théâtres, à tous ceux qui en font la vitalité, qu’on voit et qu’on ne voit pas, acteurs ou spectateurs.

Acteur et metteur en scène, Tiago Rodrigues est attaché à l’absence de hiérarchie dans les processus collectifs de création. De sa rencontre décisive avec les tg STAN en 1997 naissent différentes collaborations, dont The way she dies, en 2017.
Au Bois de l’Aune, on se souvient de By Heart où dix personnes du public le rejoignaient sur scène pour apprendre un sonnet de Shakespeare. En 2003, il fonde, avec Magda Bizarro, Mundo Perfeito, compagnie sans lieu d’attache et depuis 2014, dirige le Teatro Nacional D. Maria II à Lisbonne. En France, il présente au Festival d’Avignon sa version portugaise d’Antoine et Cléopâtre en 2015, et Sopro en 2017, occupe deux mois le Théâtre de la Bastille en 2016, période durant laquelle il crée Bovary. Il est aujourd’hui l’un des metteurs en scène européens les plus reconnus.