Elle est déjà passée, mais c’est encore de l’eau, qui passe
La rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l’intermédiaire d’un rêveur disait le poète philosophe Gaston Bachelard. De ses écrits considérables, Marguerite Bordat, Jeanne Bleuse, Noémi Boutin et Pierre Meunier font un spectacle intense et vibrant, comme ils le font chaque fois, qui ne ressemble à aucun autre. Dans cet oratorio, dédié aux quatre éléments se joue une expérience sensorielle, une réflexion sur ce qui constitue la vie : l’eau, l’air, la terre et le feu. Ici, pas de constat de destruction, mais le réveil d’un lien de gratitude envers la nature d’un état propice à une rêverie commune. En manipulant la matière, physique et sonore, ils la font dialoguer avec ce qui l’entoure et nous entoure. La langue de Bachelard, précise, fleurie, gourmande est entourée de musiques savantes, au violoncelle et au piano. Dans l’intimité de cette "sonographie" de parois de bois, on est à l’intérieur d’une énorme caisse de résonance, comme dans un rêve éveillé.