On est plus ou moins coupable
L’article 353 laisse aux jurés d’un procès criminel la place dans leur délibéré à « l’intime conviction ». Le roman de Tanguy Viel, comme le spectacle d’Emmanuel Noblet qui l’adapte pour la scène, inventent le procès d’un homme au bout du rouleau qui en a tué un autre, qui ne le nie pas. Le coupable s’est tu longtemps et là il parle, beaucoup. Il raconte tout, les espoirs anéantis, les diverses humiliations de sa vie, les impuissances et les résignations, jusqu’à la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le plateau est tendu, la langue magnifique, l’interprétation magistrale, on y est suspendu comme dans un polar, page après page. C’est un labyrinthe de questions humaines et sensibles où chacun à son endroit, on peut se retrouver, coupable ou juré.